La dissertation est reportée, mais pensez à rendre la réponse à la question sur le corpus du devoir sur le théâtre dès lundi.


LE ROMAN DE FORMATION
- Le père Goriot de Balzac

Exercices de style, pastiches et mélanges : le dialogue initiatique




LE ROMAN :
qu'est devenu Rastignac ? (enquête générationnelle, 3ème trimestre)

La première visite à Madame de Bauséant :

"Le démon du luxe le mordit au coeur, la fièvre du gain le prit, la soif de l'or lui sécha la gorge."

"Quelques larmes roulèrent dans les yeux d'Eugène, récemment rafraîchi par les pures et saintes émotions de la famille, encore sous le charme des croyances jeunes, et qui n'en était qu'à sa première journée sur le champ de bataille de la civilisation parisienne. "

La promenade aux Tuileries :

"Cette promenade fut fatale à l'étudiant. Quelques femmes le remarquèrent. Il était si beau, si jeune, et d'une élégance de si bon goût ! En se voyant l'objet d'une attention presque admirative, il ne pensa plus à ses soeurs ni à sa tante dépouillées, ni à ses vertueuses répugnances. Il avait vu passer au-dessus de sa tête ce démon qu'il est si facile de prendre pour un ange, ce Satan aux ailes diaprées, qui sème des rubis, qui jette ses flèches d'or au front des palais, empourpre les femmes, revêt d'un sot éclat les trônes, si simples dans leur origine ; il avait écouté le dieu de cette vanité crépitante dont le clinquant nous semble être un symbole de puissance."

La mort du père Goriot :

"Ce fut la seule oraison funèbre d'un être qui, pour Eugène, représentait la Paternité."

"Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse. Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un coeur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux."


Enquête générationnelle : et aujourd'hui, quelle(s) réussite(s) pour demain ?

"Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n'est pauvre, il n'est pas de lieux pauvres, indifférents."
Rainer Maria Rilke, Lettre à un jeune poète, 1903


"O saisons , ô châteaux ! Quelle âme est sans défaut ?"
Rimbaud, Poésies 1872

II - ECRIRE : un dialogue initiatique de roman

« Le style, c'est l'homme même », Buffon


LE ROMAN DE FORMATION - Le père Goriot de Balzac

Le dialogue de Rastignac et de Madame de Beauséant : "-- Eh bien ! monsieur de Rastignac, traitez ce monde comme il mérite de l'être. [...] Nous autres femmes, nous avons aussi nos batailles à livrer."


Sujet d'invention : le dialogue initiatique


Quelle(s) réussite(s) pour demain ?


A la manière de Balzac, imaginez les conseils que vous donneriez aujourd'hui à un jeune homme ou une jeune fille avide de réussir.


Rastignac héros ou personnage ?


Quis ?

"Eugène de Rastignac avait un visage tout méridional, le teint blanc, des cheveux noirs, des yeux bleus. Sa tournure, ses manières, sa pose habituelle dénotaient le fils d'une famille noble, où l'éducation première n'avait comporté que des traditions de bon goût. S'il était ménager de ses habits, si les jours ordinaires il achevait d'user les vêtements de l'an passé, néanmoins il pouvait sortir quelquefois mis comme l'est un jeune homme élégant. Ordinairement il portait une vieille redingote, un mauvais gilet, la méchante cravate noire, flétrie, mal nouée de l'Etudiant, un pantalon à l'avenant et des bottes ressemelées."

Cur ? Quibus auxiliis ? Quomodo ?


"Mais aussi depuis trente ans ne s'y était-il jamais vu de jeune personne, et pour qu'un jeune homme y demeure, sa famille doit-elle lui faire une bien maigre pension".

LES VALEURS DU PERSONNAGE ? / DU ROMANCIER ?


"-- Que faut-il que je fasse ? dit avidement Rastignac en interrompant Vautrin.


Le schéma actantiel : le personnage est non seulement indissociable du milieu où il vit, mais il ne peut se concevoir sans une dynamique qui le fait entrer en relation avec les autres protagonistes (à l'intérieur du récit, un personnage de roman se définit par ce qu'il fait, de la même façon qu'un personnage de théâtre s'inscrit dans l'action dramatique). Force agissante ou élément passif, mû par ses désirs et des ambitions, capable d'actions ou enlisé dans l'inertie, il se situe nécessairement dans un schéma actantiel de la narration : dans Le Père Goriot de Balzac, le sujet qui accomplit l'action est Rastignac, l'objet de sa quête : la réussite sociale, le destinataire : son ambition, l'adjuvant : Madame de Beauséant, l'opposant : la pauvreté ("le cadre de bronze" de la pension Vauquer).


Le roman de formation (ou d'apprentissage) : un parcours initiatique.

Comme dans le roman médiéval, le héros du roman de formation passe très rapidement du connu à l'inconnu, ce qui le déstabilise et l'invite à s'interroger ( (sujets n° 15, 17, 18, 21, 23).

* le chevalier du roman médiéval quitte le château, lieu de la familiarité, pour pénétrer dans la forêt qui représente l'univers de "la merveille".

Dans le roman balzacien, Rastignac quitte aussi la protection du château familial. Il se transforme au cours du récit à rebondissements. Mais, l'orientation de sa quête se situe aux antipodes de la quête courtoise : l'errance, l'abandon à l'aventure telle qu'elle advient ne finit pas par modifier en profondeur sa relation aux autres personnages, son rapport au monde, bien au contraire. Le personnage, perd très vite ses illusions et son innocence, pour ne plus penser qu'à sa réussite sociale. Ce n'est pas pour défendre et protéger "sa dame", mériter son amour, qu'il entre dans la "jungle sociale" de "La Comédie humaine". Sa seule ambition est de conquérir la capitale (l'argent et le pouvoir) et il se servira de Madame de Nucingen comme d'une "enseigne", suivant les conseils de Madame de Beauséant, son initiatrice :

"Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : -- A nous deux maintenant !

Et pour premier acte du défi qu'il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen."


Trois exercices d'entraînement pour le dialogue initiatique " à la manière de Balzac"


Balzac en 1842 sur un daguerréotype de Louis-Auguste Bisson



INVENTION 1
(exercice d'entraînement) : le point de vue interne

"Que faut-il que je fasse ?"

Le personnage d'un roman de formation s'interroge sur son avenir : quelle réussite pour demain ?

"-- Que faut-il que je fasse ? dit avidement Rastignac en interrompant Vautrin.

-- Presque rien, répondit cet homme en laissant échapper un mouvement de joie semblable à la sourde expression d'un pêcheur qui sent un poisson au bout de sa ligne. Ecoutez-moi bien !" »


INVENTION 2 (exercice d'entraînement) : la suite de texte

"-- Elle n'a pas un sou, reprit Eugène étonné."

Imaginez une suite différente à ce texte à partir d'une autre réponse du personnage.

"-- Mais où trouver une fille ? dit Eugène.

-- Elle est à vous, devant vous !

-- Mademoiselle Victorine ?

-- Juste !

-- Elle vous aime déjà, votre petite baronne de Rastignac !

-- Elle n'a pas un sou, reprit Eugène étonné."


Document : Proust, Contre Sainte-Beuve :

"La vulgarité de ses sentiments est si grande que la vie n'a pu l'élever. Ce n'est pas seulement à l'âge où débute Rastignac qu'il a donné pour but à la vie la satisfaction des plus basses ambitions, ou, du moins, à de plus nobles buts a si bien mêlé celui-là, qu'il est presque impossible de les séparer. Un an avant sa mort, sur le point de toucher à la réalisation du grand amour de toute sa vie, à son mariage avec Mme Hanska qu'il aime depuis seize ans, il en parle à sa sœur en ces termes : "Va, Laure, c'est quelque chose à Paris que de pouvoir, quand on le veut, ouvrir son salon et y rassembler l'élite de la société, qui y trouve une femme polie, imposante comme une reine, d'une naissance illustre, alliée aux plus grandes familles, spirituelle, instruite et belle. Il y a là un grand moyen de domination… Que veux-tu, pour moi, l'affaire actuelle, sentiment à part (l'insuccès me tuerait moralement) c'est tout ou rien, c'est quitte ou double… Le cœur, l'esprit, l'ambition ne veulent pas en moi autre chose que ce que je poursuis depuis seize ans ; si ce bonheur immense m'échappe, je n'ai plus besoin de rien. Il ne faut pas croire que j'aime le luxe. J'aime le luxe de la rue Fortunée avec tous ses accompagnements : une belle femme, bien née, dans l'aisance et avec les plus belles relations ". Ailleurs, il parle encore d'elle en ces termes : "Cette personne qui apporte avec elle (fortune à part) les plus grands avantages sociaux." On ne peut pas s'étonner après cela que dans Le Lys dans la Vallée, sa femme idéale par excellence, l'"ange", Mme de Mortsauf, écrivant à l'heure de la mort à l'homme, à l'enfant qu'elle aime, Félix de Vandenesse, une lettre dont le souvenir lui restera si sacré que bien des années après il en dira : "Voici l'adorable voix qui tout à coup retentit dans le silence de la nuit, voici la sublime figure qui se dressa pour me montrer le chemin", lui donnera les préceptes de l'art de parvenir. De parvenir honnêtement, chrétiennement. Car Balzac sait qu'il doit nous peindre une figure de sainte. Mains il ne peut imaginer que, même aux yeux d'une sainte, la réussite sociale ne soit pas le but suprême."


INVENTION 3 (exercice d'entraînement) : le dialogue initiatique

Vous actualiserez le dialogue entre Rastignac et Madame de Beauséant.

Les personnages, vecteurs d'un énoncé didactique sur le monde, ne sont pas forcément porte-paroles des valeurs du romancier, mais la progression du dialogue initiatique devrait induire ses modes de représentation, sa vision de l'homme et du monde ».

Tentateur ou initiateur ?

« -- Presque rien, répondit cet homme en laissant échapper un mouvement de joie semblable à la sourde expression d'un pêcheur qui sent un poisson au bout de sa ligne. Ecoutez-moi bien !" » Vautrin


« Le plus grand drame de ma vie est la mort de Lucien de Rubempré », Oscar Wilde

cf. Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes, Balzac


« Tempo è galant'uomo »




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Quis ? Quibus auxiliis ? Cur ? Quomodo ? Quando ? Ubid ? Quid ?

LES VALEURS DU ROMANCIER ?

LE ROMAN, entre "MIMESIS" et "CATHARSIS" : un « miroir » déformant ? Un « beau mensonge » ?

REPRESENTATION - STYLISATION – EXPLORATION du REEL ?

UN CHEMIN ...

Ces trois sujets d'invention induisent-ils un blâme des valeurs du romancier ?


« Tout est dans le forme »,
Balzac, Illusions perdues

"Ni rire, ni pleurer, mais comprendre" , Spinoza

"Tout est signe, et tout signe est message", Proust

Sujet de dissertation n°11."J'ai essayé de faire de vous de bons lecteurs, qui lisent non dans le but infantile de s'identifier aux personnages du livre, ni dans le but adolescent d'apprendre à vivre, ni dans le but académique de s'adonner aux généralisations. J'ai essayé de vous apprendre à lire les livres pour leur forme, pour leurs visions, pour leur art. J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de satisfaction artistique, à partager non point une émotion des personnages du livre, mais les émotions de son auteur. Les joies et les difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour des livres, à propos des livres, nous sommes allés au centre de tel ou tel chef-d'œuvre, au cœur même du sujet."

Vous direz quelles réflexions ces propos de l'écrivain Vladimir Nabokov à ses étudiants vous inspirent en vous référant à votre pratique personnelle des textes littéraires et en vous appuyant sur des exemples précis.


"La Comédie humaine" , une peinture des « vanités » ?


« Balzac, un visionnaire, mais un visionnaire passionné », Baudelaire


J. Gracq , En lisant, en écrivant :

"Un roman de Balzac – par exemple – qu'on s'amuserait à alléger de ses descriptions dans la seule intention obligeante de le dégraisser (l'entreprise a été souhaitée au siècle dernier par des critiques sérieux) n'évoquerait aucunement une maison où on a fait des rangements et ménagé de la place, mais plutôt une nef gothique dont on démolirait par économie les arc-boutants." (p. 7)


« C'est la contradiction qui donne la vie en littérature », Balzac, Illusions perdues


"La vraie vie […], c'est la littérature" , Proust, Le Temps retrouvé


"L'Art […], c'est la Nature concentrée", Illusions perdues, Balzac


Sujet de dissertation n° 9 :"Ceux qui croient que lire est une fuite sont à l'opposé de la vérité : lire, c'est être mis en présence du réel dans son état le plus concentré."

Partagez-vous cette définition de la lecture donnée par Amélie Nothomb dans Antéchrista ? Justifiez votre réponse et illustrez-la à partir d'exemples précis empruntés à vos lectures.(cf. A. Nothomb : "Lire c'est être mis en présence du réel dans son état le plus concentré"


François Mauriac, Le Romancier et ses personnages (p. 158) :

"Les héros des grands romanciers, même quand l'auteur ne prétend rien prouver ni rien démontrer, détiennent une vérité qui peut n'être pas la même pour chacun de nous, mais qu'il appartient à chacun de nous de découvrir et de s'appliquer. Et c'est sans doute notre raison d'être, c'est ce qui légitime notre absurde et étrange métier que cette création d'un monde idéal grâce auquel les hommes vivants voient plus clair dans leur propre cœur et peuvent se témoigner les uns aux autres plus de compréhension et plus de pitié."


« La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. » Maupassant, Une Vie


"Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable" Maupassant, préface de Pierre et Jean


« Allusion et assertion, silence de l'oeuvre qui parle et parole de l'homme qui écoute, tel est le souffle infini de la littérature dans le monde et dans l'histoire. » Sur Racine, Roland Barthes, avant-propos.


« All is true »...


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LIRE ECRIRE : L'ART, UN CHEMIN...


Enquête : qu'est-ce que le beau ?

Synthèse sur les mouvements culturels : tempoeart


« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee


"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer", Balzac, Le Chef-d'oeuvre inconnu, 1831


« L'art n'est pas une question de technique, mais de vision », Proust, Le Temps retrouvé



« Tout est signe, et tout signe est message », Proust

« Tempo è galant'uomo »