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"Je fixais des vertiges", Rimbaud
"Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime", René Char
"Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime", René Char
Texte : Maupassant, Pierre et Jean (1887)
Ayant fait encore quelques pas, il s'arrêta pour contempler la rade. Sur sa droite, au-dessus de Sainte-Adresse, les deux phares électriques du cap de la Hève, semblables à deux cyclopes monstrueux et jumeaux, jetaient sur la mer leurs longs et puissants regards. Partis des deux foyers voisins, les deux rayons parallèles, pareils aux queues géantes de deux comètes, descendaient, suivant une pente droite et démesurée, du sommet de la côte au fond de l'horizon. Puis sur les deux jetées, deux autres feux, enfants de ces colosses, indiquaient l'entrée du Havre; et là-bas, de l'autre côté de la Seine, on en voyait d'autres encore, beaucoup d'autres, fixes ou clignotants, à éclats et à éclipses, s'ouvrant et se fermant comme des yeux, les yeux des ports, jaunes, rouges, verts, guettant la mer obscure couverte de navires, les yeux vivants de la terre hospitalière disant, rien que par le mouvement mécanique invariable et régulier de leurs paupières : "C'est moi. Je suis Trouville, je suis Honfleur, je suis la rivière de Pont-Audemer." Et dominant tous les autres, si haut que de si loin, on le prenait pour une planète, le phare aérien d'Etouville montrait la route de Rouen, à travers les bancs de sable de l'embouchure du fleuve.
Puis sur l'eau profonde, sur l'eau sans limites, plus sombre que le ciel, on croyait voir, çà et là, des étoiles. Elles tremblotaient dans la brume nocturne, petites, proches ou lointaines, blanches, vertes ou rouges aussi. Presque toutes étaient immobiles, quelques-unes, cependant, semblaient courir; c'étaient les feux des bâtiments à l'ancre attendant la marée prochaine, ou des bâtiments en marche dans le firmament pour guider la flotte infinie des vraies étoiles.
Juste à ce moment la lune se leva derrière la ville; et elle avait l'air d'un phare énorme et divin allumé dans le firmament pour guider la flotte infinie des vraies étoiles.
Pierre murmura, presque à haute voix :
"Voilà, et nous nous faisons de la bile pour quatre sous !"
« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee
Littérature et engagement : portraits et autoportraits à travers les âges et les genres
« L'art n'est pas une question de technique mais de vision », Proust, Le Temps retrouvé
"Nuit étoilée" et mots rayonnants comme une "sempervive"
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