La Curée de Zola

De La Curée aux Choses de Georges Perec :

"Etait-ce le coeur qui n'était pas là ?", Le Ravissement de Lol V. Stein

à suivre...

Le Rouge et le Noir, Stendhal (1830) : le début d'un roman du XIXème siècle

La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s'étendent sur la pente d'une colline, dont les touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les espagnols, et maintenant ruinées.
Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois; c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique de toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières.
A peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l'Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue, on lui répond : Eh! Elle est à M. le maire.
Pour peu que le voyageur s'arrête quelques instants dans cette grande rue de Verrières, qui va en montant depuis la rive du Doubs jusque vers les sommets de la colline, il y a cent à parier contre un qu'il verra paraître un grand homme à l'air affairé et important.
A son aspect tous les chapeaux se lèvent rapidement. Ses cheveux sont grisonnants, et il est vêtu de gris. Il est chevalier de plusieurs ordres, il a un grand front, un nez aquilin, et au total sa figure ne manque pas d'une certaine régularité : on trouve même, au premier aspect, qu'elle réunit à la dignité du maire de village cette sorte d'agrément qui peut encore se rencontrer avec quarante-huit ou cinquante ans. Mais bientôt le voyageur parisien est choqué d'un certain air de contentement de soi et de suffisance mêlé à je ne sais quoi de borné et de peu inventif. On sent enfin que le talent de cet homme-là se borne à se faire payer bien exactement ce qu'on lui doit, et à payer lui-même le plus tard possible quand il doit.
Tel est le maire de Verrières, M. de Rénal. Après avoir traversé la rue d'un pas grave, , il entre à la mairie et disparaît aux yeux du voyageur. Mais, cent pas plus haut, si celui-ci continue sa promenade, il aperçoit une maison d'assez belle apparence, et, à travers une grille de fer attenante à la maison, des jardins magnifiques. Au-delà, c'est une ligne d'horizon formée par les collines de la Bourgogne, et qui semble faite à souhait pour le plaisir des yeux. Cette vue fait oublier au voyageur l'atmosphère empestée des petits intérêts d'argent dont il commence à être asphyxié.
On lui apprend que cette maison appartient à M. de Rénal. C'est aux bénéfices qu'il a faits sur sa grande fabrique de clous que le maire de Verrières doit cette habitation en pierres de taille qu'il achève en ce moment. Sa famille, dit-on, est espagnole, antique, et, à ce qu'on prétend, établie dans le pays bien avant la conquête de Louis XIV.
Depuis 1815 il rougit d'être industriel : 1815 l'a fait maire de Verrières. Les murs en terrasse qui soutiennent les diverses parties de ce magnifique jardin qui, d'étage en étage, descend jusqu'au Doubs, sont aussi la récompense de la science de M. de Rénal dans le commerce du fer.


Copyright Oodoc - Stendhal : Le Rouge et le Noir : Incipit (commentaire)
http://www.oodoc.com/91674-stendhal-rouge-noir-incipit-ville-maire.php



Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde dans le roman du XIXème siècle

Texte 1 : Stendhal, Le Rouge et le Noir, I, 10 (1830)

Texte 2 : Flaubert, Madame Bovary, II, 12 (1857)

Texte 3 : Zola, Germinal, III, 3 (1885)


I. Question :

Quelle vision de la société ou du monde chacun de ces rêves reflète-t-il ? Vous tiendrez compte dans votre réponse de la date de parution de chaque roman.

cf. textes sur le groupement du polycopié et correction de la question d'observation (cf. cahier de texte en ligne)

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Chapitre I : Une petite ville

"Put thousands together
Less bad.
But the cage less gay."
HOBBES.

La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges, s'étendent sur la pente d'une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées.

Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra, se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois, c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières.

À peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l'Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue, on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire.


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Document complémentaire : pour éclairer la lecture de ce début du roman


Le réquisitoire de Julien Sorel, Le Rouge et le Noir, Stendhal (1830)*

« Messieurs les jurés,


L'horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune.

Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais point illusion, la mort m'attend : elle sera juste. J'ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Madame de Rénal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société. Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d'autant plus de sévérité, que, dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi, mais uniquement des bourgeois indignés... »

* Le réquisitoire de Julien Sorel se situe presque à la fin du roman.


"En toute chose il faut considérer la fin"

Pierre et Jean, Maupassant : un roman d'une étonnante actualité

Comptes-rendus des comités de rédaction et de lecture éditoriaux : à suivre...



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"Je fixais des vertiges", Rimbaud


"Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime", René Char


Texte : Maupassant, Pierre et Jean (1887)

Ayant fait encore quelques pas, il s'arrêta pour contempler la rade. Sur sa droite, au-dessus de Sainte-Adresse, les deux phares électriques du cap de la Hève, semblables à deux cyclopes monstrueux et jumeaux, jetaient sur la mer leurs longs et puissants regards. Partis des deux foyers voisins, les deux rayons parallèles, pareils aux queues géantes de deux comètes, descendaient, suivant une pente droite et démesurée, du sommet de la côte au fond de l'horizon. Puis sur les deux jetées, deux autres feux, enfants de ces colosses, indiquaient l'entrée du Havre; et là-bas, de l'autre côté de la Seine, on en voyait d'autres encore, beaucoup d'autres, fixes ou clignotants, à éclats et à éclipses, s'ouvrant et se fermant comme des yeux, les yeux des ports, jaunes, rouges, verts, guettant la mer obscure couverte de navires, les yeux vivants de la terre hospitalière disant, rien que par le mouvement mécanique invariable et régulier de leurs paupières : "C'est moi. Je suis Trouville, je suis Honfleur, je suis la rivière de Pont-Audemer." Et dominant tous les autres, si haut que de si loin, on le prenait pour une planète, le phare aérien d'Etouville montrait la route de Rouen, à travers les bancs de sable de l'embouchure du fleuve.
Puis sur l'eau profonde, sur l'eau sans limites, plus sombre que le ciel, on croyait voir, çà et là, des étoiles. Elles tremblotaient dans la brume nocturne, petites, proches ou lointaines, blanches, vertes ou rouges aussi. Presque toutes étaient immobiles, quelques-unes, cependant, semblaient courir; c'étaient les feux des bâtiments à l'ancre attendant la marée prochaine, ou des bâtiments en marche dans le firmament pour guider la flotte infinie des vraies étoiles.
Juste à ce moment la lune se leva derrière la ville; et elle avait l'air d'un phare énorme et divin allumé dans le firmament pour guider la flotte infinie des vraies étoiles.
Pierre murmura, presque à haute voix :
"Voilà, et nous nous faisons de la bile pour quatre sous !"

« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee

Littérature et engagement : portraits et autoportraits à travers les âges et les genres

« L'art n'est pas une question de technique mais de vision », Proust, Le Temps retrouvé


"Nuit étoilée" et mots rayonnants comme une "sempervive"




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Olivier Py, "le pari de la jeunesse"

"Petit Poucet rêveur... un pied près de mon coeur"

Olivier Py, Directeur de l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Auteur dramatique, poète, comédien et metteur en scène

"un théâtre qui se fonde avant tout à partir du poème"



L'impatience essentielle

"Roméo et Juliette est un mythe. Pourquoi ? La réponse d'Olivier Py tient en un mot : cet amour-là est impossible, donc il a lieu."

Daniel Loyaza

A suivre...



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"La jeunesse a contre elle la jeunesse", Illusions perdues de Balzac

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LE ROMAN et ses personnages : visions de l'homme et du monde Le roman du XIXème siècle : le Réalisme et le Naturalisme



Quelles visions de l'homme et du monde cette phrase de Maupassant reflète-t-elle ?


"La vie voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit", Maupassant


Où peut-on la lire ?


L'AGON : Pierre et Jean, Maupassant (1887)


Le ressort dramatique de la rivalité entre les deux frères : la jalousie, la colère, la souffrance



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Le roman en question : le roman et ses personnages (visions de l'homme et du monde)

Le roman en question : le roman d'un collectif de "poètes" *

* au sens étymologique de création

Une enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'histoire des représentations et de la communication

Pour "faire grandir la personne"


Comment et pourquoi écrire ?

Comment et pourquoi écrire... des romans ?

Comment et pourquoi écrire un roman aujourd'hui ?

Continuité ou discontinuité romanesque ?

du "topique balzacien" au "nouveau roman"...


1925 -Les Faux-Monnayeurs d'André Gide : un anti-roman ?

La fin du roman ou le "roman des romans" ?


2007 - Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire :

le roman d'un poète
?


"Au fond, ce que j'aimerais faire, c'est de la poésie", Un nid pour quoi faire, Olivier Cadiot

"Cour royale en exil à la montagne cherche conseiller image, chambre tout confort, dans chalet atypique, artistes s’abstenir, envoyer prétentions"


http://tempoenid.blogspot.com

"nous sommes dans deux camps adverses. Deux soldats de deux camps ennemis qui s'affrontent." Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute



Le roman d'un collectif de "poètes" *


* au sens étymologique de "poésie" : création

"Moi, je me moque de la poésie ? Je parle avec mépris des poètes ?"
Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute

Le portrait et l'autoportrait du poète : concours de poésie

http://tempoepoesie.blogspot.com

Le making-of du roman collectif au lycée : http://tempoedes-espoirsgenerationnels.blogspot.com

Le making-of du roman collectif au collège : http://tempoeromancollege.blogspot.com


"Quelle forêt ? Quelle princesse ? tu divagues"
Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non

http://tempoetudis-vague.blogspot.com (à suivre)

"Le style, c'est l'homme-même", Buffon

http://tempoestyle.blogspot.com


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Activités complémentaires (EAF) :

http://tempoedes-espoirsgenerationnels.blogspot.com

Autoportraits et manifestes poétiques d'un collectif de poètes lycéens : pour la construction d'un collectif de personnages (schéma actantiel) et d'un synopsis (schéma narratif ou sommaire) partir d'un groupe de poètes lycéens en vue de la rédaction d'un roman collectif "générationnel" .


"Ensemble, c'est tout"


Les poèmes "générationnels" : "concours" de poésie pour la construction du schéma actantiel à

Le choix d'une esthétique "générationnelle" : "concours" de photos pour la mise en place du cadre-spatio-temporel d'une écriture (correspondance image et texte sous forme de diptyque)

Ut pictura poesis” : un concours de poésie pour permettre aux élèves de s'exprimer à partir d'une forme et d'une inspiration nourries de leurs recherches de poèmes dans le cadre de la composition d'une anthologie poétique. La présentation sous forme de diptyque de leur poème en correspondance avec un tableau et un poème choisi a été l'occasion de se situer dans l'histoire de la poésie et de la peinture et de proposer un manifeste poétique, dans le prolongement de la préface rédigée d'une anthologie poétique de leur composition.

L'autoportrait du poète : "Images de soi" (Charles Juliet) ; rédaction d'un autoportrait à partir du poème de Charles Juliet

En perspective croisée avec les quatre autres objets d'étude, ces réalisations qui entrent dans le cadre du dossier-enquête sur la place du sujet dans l’histoire de la communication et des représentations représentent des manifestes poétiques en vue de la formation du regard critique et de l'expression de soi par ses choix esthétiques et la création artistique (ou comment se dire par ses choix esthétiques) en vue de la recherche d'une esthétique “générationnelle” .

Ils ont ouvert la voie au travail d'écriture du roman collectif “générationnel” : le roman d'un poète ou d'un “cénacle” (en perspective croisée avec l'objet d'étude : le roman et ses personnages, visions de l'homme et du monde).

Le roman d'un collectif de poètes (autoportrait et manifeste poétique « générationnels »), pour une esthétique de la continuité romanesque ou de la discontinuité (des "Histoires brisées" de Paul Valéry aux Faux-Monnayeurs d'André Gide et à La Recherche du temps perdu.

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Le roman collectif "générationnel" d'un collectif de poètes

Titre provisoire : A la recherche du poète inconnu/disparu (?)

Photo de Yves Monier


L'écriture d'une aventure : qui est l'auteur du poème anonyme affiché en T3 ?

L'aventure d'une écriture (cf. sujet 25*) : la construction romanesque et les rythmes de la narration

"Au fond, ce que j'aimerais faire, c'est de la poésie", Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire


* 25. Que pensez-vous de cette formule des « nouveaux romanciers » qui proposent de substituer « l’aventure d’une écriture à l’écriture d’une aventure » ? Vous développerez votre point de vue à partir de l’analyse d’exemples précis de vos lectures.

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Ces différents "concours" de diptyques "générationnels" sont destinés surtout à favoriser l'entrée en littérature des lycéens d'une classe de 1ère ES et l'inter-action entre différentes sensibilités artistiques : la mise en résonance de ces propositions d'élèves (soulignée par le jeu de correspondance des "pas de deux" des diptyques présentés au cours de l'année), devrait permettre à chacun de trouver son inspiration pour une écriture individuelle et collective à la fois, sa musique personnelle et les accords d'une partition collective, développer une puissance créative en "géométrie" et en "finesse" qui aide chacun à grandir.


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Prochaine étape :

Proposition des schémas actantiel et narratif sous forme de "tropismes" :

"tropisme" en grec : donner une direction ("tropos" : tour, direction)

Ce terme de botanique est passé dans l'usage littéraire sous la plume de Gide en 1914 pour désigner une force obscure, inconsciente qui pousse à agir d'une certaine façon.

Nathalie Sarraute utilise le terme "tropisme" pour décrire un sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué :


Tropismes, 1939 : idée de réaction psychologique élémentaire peu exprimable.

L'Ere du soupçon, 1956 : la romancière devient une figure de proue du nouveau roman

Pour un oui ou pour un non, 1982

Enfance, 1983 (la scène du Luxembourg : décomposition de mouvements imperceptibles et inexplicables)


Nathalie Sarraute ambitionne d’atteindre une « matière anonyme comme le sang », veut révéler « le non-dit, le non-avoué », tout l’univers de la “sous-conversation”. N'a-t-on pas dit d'elle qu'elle s'était fixé pour objectif de « peindre l'invisible » ? Elle excelle à détecter les « innombrables petits crimes » que provoquent sur nous les paroles d’autrui. Ces paroles sont souvent anodines, leur force destructrice se cache sous la carapace des lieux communs, gentillesses d’usage, politesses… Nos apparences sans cesse dévoilent et masquent à la fois ces petits drames.

Le terme «tropisme* », emprunté au langage scientifique, désigne l'orientation des plantes en fonction de leur milieu. Chez Sarraute, qui a intitulé sa première publication, Tropismes, ce vocable renvoie à des mouvements intérieurs presque insensibles dus à des causes extérieures: phrases stéréotypées, conventions sociales. Sous la banalité apparente de ces conventions langagières, il existe en effet des rapports humains complexes, des sentiments intenses, voire violents (sensations d'enfermement, d'angoisse, de panique). Nathalie Sarraute les décrit comme des mouvements instinctifs, déclenchés par la présence d'autrui ou par les paroles des autres. Tropismes, refusé par Gallimard et par Grasset, ne sera reconnu par la critique qu'une quinzaine d'années après sa parution.

* En physiologie végétale, un tropisme est une réaction d'orientation des organes d'une plante (racines, tiges, feuilles, fleurs, etc) à une anisotropie de milieu. La lumière et la gravité sont les deux principaux facteurs du milieu respectivement responsables des phototropismes ou héliotropisme et des gravitropismes (aussi appelés géotropismes).

Les tropismes peuvent apparaître comme des mouvements de la plante (dans les films en accéléré) mais ils correspondent en fait au résultat d'une croissance inégale des deux côtés de l'organe, ce qui entraîne une courbure de celui-ci.

Du roman d'aventures à l'aventure d'une écriture :

Construction d'un schéma actantiel et d'un schéma narratif : le portrait d'un collectif de "poètes" dans sa relation avec des champs d'influences.

cf. Les Faux-Monnayeurs d'André Gide


cf. L'art de la fugue dans Les Faux-Monnayeurs d'André Gide : une écriture protéiforme avec suites et variations, de l'incipit à l'excipit (avec une fin ouverte qui boucle et déboucle à la fois...).

"et quant au puîné, le petit Caloub*, une pension le bouclait au sortir du lycée... Je suis bien curieux de connaître le petit Caloub*."

* effet d'épanadiplose : Caloub = anagramme de "boucla" (cf. Les jeux de mots gidiens : Passavant, Profitendieu ...)


Le roman d'un collectif de poètes lycéens Des espoirs générationnels suivra-t-il la voie de la fragmentation et de la composition musicale ouverte par le roman gidien ?

Qu'en est-il dans Un nid pour quoi faire d'Olivier Cadiot et de la mise en scène de "la maladie Robinson" inspirée des Histoires brisées d'André Gide ?


Le roman collectif "générationnel" d'un collectif de poètes

Ut pictura poesis” : un concours de poésie pour permettre aux élèves de s'exprimer à partir d'une forme et d'une inspiration nourries de leurs recherches de poèmes pour la composition d'une anthologie. La présentation sous forme de diptyque de leur poème en correspondance avec un tableau et un poème choisi a été l'occasion de se situer dans l'histoire de la poésie et de la peinture et de proposer leur manifeste poétique, dans le prolongement de la préface de leur anthologie poétique.

ENQUETE : Le roman et ses personnages : Visions de l'homme et du monde (EAF)

Une enquête "générationnelle" sur la place du sujet dans l'histoire de la communication et des représentations :


Comment et pourquoi écrire ?


Comment et pourquoi écrire... des romans ?


Comment et pourquoi écrire un roman aujourd'hui ?


Continuité ou discontinuité romanesque ?

du "topique balzacien" au "nouveau roman"...


Autoportraits et manifestes poétiques d'un collectif de poètes lycéens : pour la construction d'un collectif de personnages (schéma actantiel) et d'un synopsis (schéma narratif ou sommaire) du roman collectif "générationnel :

http://tempoepoesie.blogspot.com



Le roman collectif "générationnel" d'un collectif de poètes

Titre provisoire : A la recherche du poète inconnu/disparu (?)

Photo de Yves Monier


L'écriture d'une aventure : qui est l'auteur du poème anonyme affiché en T3 ?

L'aventure d'une écriture (cf. sujet 25*) : la construction romanesque et les rythmes de la narration

"Au fond, ce que j'aimerais faire, c'est de la poésie", Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire


* 25. Que pensez-vous de cette formule des « nouveaux romanciers » qui proposent de substituer « l’aventure d’une écriture à l’écriture d’une aventure » ? Vous développerez votre point de vue à partir de l’analyse d’exemples précis de vos lectures.


Mort comme un rideau


Le rideau

Mort comme un rideau

Mort comme un rideau qui tombe

Mort comme un rideau qui tombe dans une salle vide

Mort comme un rideau dans une salle vide où s’entendent encore les chuchotements des spectateurs

Mort comme un trou dans un rideau

Mort comme un dernier acte


Vivant comme un acteur.

Adrien - 1ère ES1






Picasso Pablo (1881-1973)

20e siècle

huile sur bois

Paris, musée Picasso



Mort comme une soupière

Mort comme une soupière

Mort comme l’ébrèchement d’une soupière

Mort comme un reste de potage figé dans le fond d’une soupière

Mort comme mille soupières

Mort comme une souris noyée flottant à la surface d’une panade emplissant une soupière

Mort comme un chou plein de poux à genoux dans le fond d’une soupière

Mort comme une soupière


Vivant comme un caillou


Raymond Queneau, 1965


à suivre...