"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac
Les amis de Gide lui ont souvent reproché les contradictions de sa personnalité :
"Permettez-moi de vous dire, sans grossièreté, que vous êtes comme la lune... De quelque façon qu'on s'y prenne, on 'en voit jamais qu'un morceau, et le plus que l'on puisse embrasser d'un même coup d'oeil n'est jamais que la moitié de Gide, dont les deux pôles ne se trouvent jamais éclairés en même temps." Correspondance, Gide-Roger Martin du Gard
"C'est en écartelé que j'ai vécu", André Gide
"Pour lui le roman n'était pas la réflexion d'un miroir promené le long du chemin, mais la projection de ses propres virtualités dans un éventail de personnages qui les incarneraient."
Jean Delay, Introduction à la Correspondance André Gide - Roger Martin du Gard, 1968
"Les Faux-Monnayeurs étaient encore un livre de moraliste, mais c'était d'abord, plus visiblement, une oeuvre qui frappait par la technique formelle. Cette technique rebuta à l'époque, mais on voit mieux, un demi-siècle plus tard, toute l'intelligence de cette tentative de Gide qui, entre Proust et le roman américain des années 30, constitue un pas décisif vers l'anti-roman (comme dira Sartre)..."
Pierre-Olivier Walzer, Littérature française du XXème siècle, I, 1896-1929 (1975)
"Les Faux-Monnayeurs représentent un des premiers efforts pour dépasser la structure traditionnelle du roman, non pas seulement par une rupture de l'intrigue horizontale (on sait que Gide a voulu couper sa tranche non en longueur mais en largeur) mais surtout par une nouvelle conception du rôle des personnages. Aucun des acteurs des Faux-Monnayeurs n'a de "signification" en dehors de sa "valeur" c'est-à-dire que le "sens" de chacun dépend uniquement de ses rapports avec tous les autres : sorti du réseau de relations dont il est une partie intégrale, le personnage perd de sa raison d'être."
Elaine D. Cancalon, "La Structure de l'épreuve dans Les Faux-Monnayeurs", Cahiers André Gide n°5, Lettres Modernes, 1975