Gide a consacré 6 années à l'élaboration de son roman : du 17 juin 1919 au 8 juin 1925*
* 1925 - Gatsby le magnifique, Scott Fitzgerald
C'était , de son propre aveu, son premier "roman".
Parmigianino (surnommé "Le Parmesan"), Autoportrait, 1524
Dès 1883, dans son Journal, André Gide écrivait :
"J'aime assez qu'en une oeuvre d'art, on retouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette oeuvre. Rien ne l'éclaire mieux et n'établit plus sûrement toutes les proportions de l'ensemble. Ainsi, dans tels tableaux de Memling ou de Quentin Matzys, un petit miroir convexe et sombre reflète à son tour, l'intérieur de la pièce où se joue la scène peinte.
La première intention de Gide était de reprendre le personnage de Lafcadio des Caves du Vatican (récit ou "sotie") et d'en faire le narrateur du roman.
En fait, le narrateur sera tantôt un narrateur extérieur au récit, tantôt le personnage d'Edouard à travers son journal : le roman mêle donc les fils de la narration et de l'autobiographie (perspective croisée : roman et argumentation).
Le personnage de Lafcadio (l'auteur de l'"acte gratuit" dans Les Caves du Vatican), fera place à Bernard, un autre "bâtard" qui partira, lui, en quête de lui-même, avant de revenir, tel le héros du Retour de l'enfant prodigue, au sein de sa famille.
La mise en abyme : la mise en abyme du romancier à travers le personnage d'Edouard.
Dès 1883, dans son Journal, André Gide écrivait :
"J'aime assez qu'en une oeuvre d'art, on retouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette oeuvre. Rien ne l'éclaire mieux et n'établit plus sûrement toutes les proportions de l'ensemble. Ainsi, dans tels tableaux de Memling ou de Quentin Matzys, un petit miroir convexe et sombre reflète à son tour, l'intérieur de la pièce où se joue la scène peinte.
Ainsi, dans le tableau des Ménines de Velasquez (mais un peu différemment). Enfin, en litérature, dans Hamlet, la scène de la comédie; et ailleurs, dans bien d'autres pièces. dans Wilhelm Meister, les scènes de marionnettes ou de fête au château. Dans la Chute de la Maison Usher, la lecture que l'on fait à Roderick, etc.. Aucun de ces exemples n'est absolument juste. Ce qui le serait beaucoup plus, ce qui dirait mieux ce que j'ai voulu dans mes cahiers, dans mon Narcisse et dans la Tentation, c'est la comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à en mettre un second "en abyme".
Cette rétroaction du sujet sur lui-même, m'a toujours tenté. C'est le roman psychologique typique. Un homme en colère raconte une histoire; voilà le sujet d'un livre. Un homme racontant une histoire, ne suffit pas ; il faut que ce soit un homme en colère, et qu'il y ait un constant rapport entre la colère de cet homme et l'histoire racontée."
Journal d'André Gide (Bibliothèque de La Pléiade, p. 41)
La construction des personnages :
Cette rétroaction du sujet sur lui-même, m'a toujours tenté. C'est le roman psychologique typique. Un homme en colère raconte une histoire; voilà le sujet d'un livre. Un homme racontant une histoire, ne suffit pas ; il faut que ce soit un homme en colère, et qu'il y ait un constant rapport entre la colère de cet homme et l'histoire racontée."
Journal d'André Gide (Bibliothèque de La Pléiade, p. 41)
La construction des personnages :
En fait, le narrateur sera tantôt un narrateur extérieur au récit, tantôt le personnage d'Edouard à travers son journal : le roman mêle donc les fils de la narration et de l'autobiographie (perspective croisée : roman et argumentation).
"We are all bastards;
And that most venerable man which I
Did call my father, was I know not wher
When I was stamp'd"
Shakespeare cité par Gide en exergue du chapitre VI (1ère partie des Faux-Monnayeurs)
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Les Faux-Monnayeurs, en 1925, un roman "générationnel" ?
cf. 1925 : Gatsby le magnifique, Scott Fitzsgerald
Les bouleversements sociaux de l'entre-deux-guerres n'ont pas encore remis en question la foi des jeunes Français instruits au lycée et pénétrés de culture classique d'un milieu et d'une génération qui ne voient de salut que dans le progrès moral de l'individu. L'univers des FM semble à l'abri de l'histoire, épargné par la guerre et par les crises de l'après-guerre, sorte de refuge intemporel pour une jeunesse privilégiée mais déjà menacée.
Le roman des FM est-il démodé ? (cf. l'humanisme de Gide)
L'amor fati : "Il faut toujours suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant"
cf.Gide et l'art de la fugue
Les rencontres : cf.le dialogue
http://tempoedialectique.blogspot.com
L'égotisme : cf. Stendhal (et Montaigne)
"Ce n'est point tant en apportant la solution de certains problèmes que je puis rendre un réel service au lecteur ; mais bien en le forçant à réfléchir lui-même sur ces problèmes dont je n'admets guère qu'il puisse y avoir d'autre solution que particulière et personnelle" (JFM, 1919)
Le maniérisme : à suivre
L'humanisme : les bouleversements sociaux de l'entre-deux-guerres n'ont pas encore remis en question la foi des jeunes Français instruits au lycée et pénétrés de culture classique d'un milieu et d'une génération qui ne voient de salut que dans le progrès moral de l'individu. L'univers des FM semble à l'abri de l'histoire, épargné par la guerre et par les crises de l'après-guerre, sorte de refuge intemporel pour une jeunesse privilégiée mais déjà menacée.
Le maniérisme : à suivre
L'humanisme : les bouleversements sociaux de l'entre-deux-guerres n'ont pas encore remis en question la foi des jeunes Français instruits au lycée et pénétrés de culture classique d'un milieu et d'une génération qui ne voient de salut que dans le progrès moral de l'individu. L'univers des FM semble à l'abri de l'histoire, épargné par la guerre et par les crises de l'après-guerre, sorte de refuge intemporel pour une jeunesse privilégiée mais déjà menacée.
Le cynisme : "Il faut que le coeur se brise ou se bronze", Chamfort
lady Griffith et Passavant
"Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés", Maximes de La Rochefoucauld
La misogynie : "Je n'aime les femmes que résignées"
"Il faut choisir d'aimer les femmes, ou de les connaître ; il n'y a pas de milieu", Chamfort
cité par Gide en exergue du chapitre VIII des Faux-Monnayeurs
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"C'est en écartelé que j'ai vécu"
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Gide et le Classicisme : entre le "moi haïssable" et le narcissisme protéiforme : cf. Gide et l'art de la fugue
Le roman des FM est-il démodé ? (cf. l'humanisme de Gide)
"Je ne puis tout à la fois être rétrospectif et actuel. Actuel, à vrai dire, je ne cherche pas à l'être, et, me laissant aller moi-même, c'est plutôt futur que je serais; (...) l'avenir m'intéresse plus que le passé, et plus encore ce qui n'est non plus de demain que d'hier, mais qu'en tout temps l'on puisse dire d'aujourd'hui" (JFM, 1919)
Va-t-il aussi loin qu'il le prétend dans sa contestation par la mise en cause intérieure d'une société et de son langage ?
Gide et les prémisses du "nouveau roman" : cf. Gide et l'art de la fugue
"Comment peut-on encore écrire des romans, quand se désagrège autour de nous notre vieux monde, quand je ne sais quoi d'inconnu s'élabore, que j'attends, que j'espère, et que de toute mon attention j'observe lentement se former."
Journal, 1932
Gide et "la double postulation" : à suivre...
"Si les bons sentiments suffisaient à faire un bon livre, la Pâque des Roses serait un des meilleurs. Mais hélas! "les qualités du coeur sont aussi indépendantes de celles de l'esprit que les facultés du génie le sont des noblesses de l'âme", écrivait Balzac. Ah! de quelle encre pâle et de quelle plume malhabile dispose Tony Leris pour exprimer ses affections -- affections si recommandables que la critique désarmée n'ose plus qu'en courager et sourire avec sympathie." (Feuillets du Journal d'André Gide, Conversation avec Ratheneau).
ENQUETE : Le roman et ses personnages : Visions de l'homme et du monde (EAF)
Une enquête "générationnelle" sur la place du sujet dans l'histoire de la communication et des représentations
Le roman des FM est-il démodé ? (cf. l'humanisme de Gide)
Va-t-il aussi loin qu'il le prétend dans sa contestation par la mise en cause intérieure d'une société et de son langage ?
cf. Gide et l'art de la fugue : Gide et le Classicisme : entre le "moi haïssable" et le narcissisme protéiforme ; Gide et les prémisses du "nouveau roman" .
Comment et pourquoi écrire ?
Comment et pourquoi écrire... un roman ?
la construction du récit, les rythmes de la narration...
héros/personnage(s) ?
La séquence a été centrée sur l'histoire du roman et son évolution : l'aventure romanesque, du roman picaresque au roman d'apprentissage, du réalisme et de l'illusion romanesque au Nouveau Roman. La lecture des Faux-Monnayeurs d'André Gide (dans le prolongement du cours de 2de sur le roman réaliste) permet de s'interroger sur les techniques de la narration : roman et journal intime (en perspective croisée avec l'étude de l'argumentation) et d'étudier la parodie des conventions romanesques : Les Faux-Monnayeurs d'André Gide, un roman, un anti-roman ou les prémisses du « Nouveau Roman » ?
Lecture intégrale : lecture analytique de 5 extraits des Faux-Monnayeurs d'André Gide (1925)
(les numéros des pages indiqués correspondent à l'édition Folio)
- L'incipit : du début à "du jardin du Luxembourg (Première partie, chapitre I, pp. 11-12)
- La rentrée : du début du chapitre IV à "que de tristes souvenirs" (3ème partie, chapitre IV, pp. 247-249)
- Le banquet des Argonautes : de "C'est Alfred Jarry" à "quelque excentricité." (3ème partie, chapitre 8, pp. 286-288)
- Le dialogue de Bernard avec Edouard : de "-- Vivre sans but" à "pourvu que ce soit en montant." (pp.338-340)
- La fin du roman : Journal d'Edouard du début à « Nous n'avons pas d'oreilles pour écouter la voix de Dieu » (pp. 376-377)
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Quelle(s) réussite(s) pour demain, au nom de quelles valeurs ?
"On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments", Gide
Le rôle de l’écrivain suivant André Malraux :
« tenter de donner conscience à des hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux »
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac
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Sujets de dissertation :
Dans son essai sur Les Personnages, Sylvie Germain, romancière contemporaine, écrit : « Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées. »Cette conception du personnage vous paraît-elle partagée par les romanciers que vous connaissez ? Vous appuierez votre réponse sur les textes du corpus et les oeuvres romanesques que vous avez lues.
22. Pensez-vous avec André Malraux que le rôle de l’écrivain est de « tenter de donner conscience à des hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux » ?
Vous illustrerez et discuterez cette définition d’André Malraux à partir d’exemples littéraires.
23. « Un beau livre, c’est celui qui sème à foison des points d’interrogation. »
Pensez-vous que cette définition de Jean Cocteau puisse s’appliquer aux romans que vous avez lus ou étudiés ?