Le narcissisme protéiforme de Gide : vertige de l'artiste entre Narcisse et Prométhée

"Rien n'est simple, de ce qui s'offre à l'âme ; et l'âme ne s'offre jamais simple à aucun sujet"
Pascal cité par Gide en exergue du chapitre X des Faux-Monnayeurs

Les Faux-Monnayeurs d'André Gide : une parodie des formes romanesques anciennes, la contestation d'une certaine conception de l'homme, celle sur laquelle reposait le roman réaliste.

"Ce qui est mis en cause ici, c'est la notion même de l'homme sur laquelle nous vivons"

H. Massis à propos de Dostoïevsky, 1923

"Mais les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres", Pascal


Le Tricheur à l'as de carreau, Georges de la Tour (vers 1635)


"On préfère tout supposer, plutôt que l'inhumanité d'un être si jeune" ,
Les Faux-Monnayeurs d'André Gide (1925)


« Un personnage de roman est simplifié et construit. On peut le comprendre. Dans la vie réelle, les êtres vivants sont des énigmes dangereuses. » André Maurois
cf. Visages, Charles Juliet : à suivre...


PROTEE :
"Il ne faudrait pas avoir de tristesses personnelles, mais faire siennes celles des autres... de sorte qu'on en puisse changer." Journal, 1893

Gide et les prémisses du "nouveau roman" : cf. Gide et l'art de la fugue

"Comment peut-on encore écrire des romans, quand se désagrège autour de nous notre vieux monde, quand je ne sais quoi d'inconnu s'élabore, que j'attends, que j'espère, et que de toute mon attention j'observe lentement se former."

Journal, 1932
Un anti-roman ?

L'étude des FM peut introduire à tout un courant du roman français contemporain.

Gide et le Classicisme : entre le "moi haïssable" et le narcissisme protéiforme

Le roman des FM est-il démodé ? (cf. l'humanisme de Gide)

Va-t-il aussi loin qu'il le prétend dans sa contestation par la mise en cause intérieure d'une société et de son langage ?


Gide et les prémisses du "nouveau roman" :

Gide tourne en dérision les techniques romanesques qu'il utilise : la présentation indirecte des faits détruit l'illusion romanesque.

Contradictions, oxymores, paradoxes et palinodies (des tours, des contours, des détours et des retours) : récit sans sujet, systématique et désinvolte à la fois qui tourne en dérision les techniques romanesques qu'il utilise, une intrigue réduite à une combinatoire de jeux d'optique et de ruptures de ton désamorçant le lyrisme...

Le vertige : les ellipses, l'art du détour, du biais, d'une fausse clarté qui déroute et égare : une présentation indirecte des faits des glissements d'un point de vue à l'autre, l'insertion dans le roman de sa propre critique, l'ironie qui cache l'essentiel sous l'accessoire. ; cf. Gide et l'art de la fugue.

"Il s'agit de contester le roman par lui-même, de le détruire sous nos yeux dans le temps qu'on semble l'édifier, d'écrire le roman qui ne se fait pas, qui ne peut pas se faire." Sartre, 1947




[Un jeu métaleptique * est créé par la juxtaposition du récit du narrateur et du journal d'Edouard dans Les Faux-Monnayeurs

[cf.le récit du narrateur et le témoignage d'autres personnages dans Le Ravissement de Lol V. Stein : cf. l'art de la fugue et les jeux narratologiques avec, par exemple le discours indirect d'Emma]

*La métalepse est le glissement d'un niveau énonciatif à un autre (et/ou le passage d'une diégèse à une autre).]



NARCISSE : les mises en abyme

PROMETHEE : le roman du roman, "le roman des romans".

VERTIGE DE L'ARTISTE, entre NARCISSE et PROMETHEE : Tout effort de lucidité aboutit au vertige, comme dans un jeu de miroirs où l'image du narcisse se reflète à l'infini, "en abyme".

cf. Paul Valéry,
Histoires brisée : "L'Ange" et "Robinson" ;
Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire

cf. Poésie et déchiffrement du monde : les fonctions du poète et de la poésie


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"Madame Bovary, c'est moi et ce n'est pas moi"
, Flaubert


Le "délyre" réaliste ou le "réalisme" de Flaubert, tiraillé entre ses élans romantiques et sa critique du romantisme :

"Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est pétri de gueulades, de lyrisme, de grands vols d'aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l'idée; un autre qui fouille et creuse le vrai tant qu'il peut."
Lettre à Louise Colet, 1852

"Ne me jugez pas d'après ce roman. Je ne suis pas de la génération dont vous parlez - par le coeur du moins. Je tiens à être de la vôtre, j'entends de la bonne, celle de 1830. Tous mes amours sont là. Je suis un vieux romantique enragé, ou encroûté, comme vous voudrez."
Lettre à Sainte-Beuve, 5 mai 1857

"La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles." Flaubert, Madame Bovary

L'art de la fugue et les jeux narratologiques : le discours indirect d'Emma (sujet de composition groupée)

*La métalepse est le glissement d'un niveau énonciatif à un autre (et/ou le passage d'une diégèse à une autre).



"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac

Sujet de dissertation n° 16 (niveau de 2de) :

" Un roman réaliste est un roman qui fait vivre devant nous dans un cadre minutieusement décrit – dont ils sont au reste inséparables – des personnages qui sont à la fois des types et des individus."

Vous commenterez ce jugement en vous appuyant sur des exemples précis empruntés aux romans réalistes que vous avez étudiés et sur les textes du corpus.


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Gide et le Réalisme : le romancier détective ou enquêteur

"Ce qui se passait derrière mon dos me préoccupait fort, et parfois même, il me semblait que, si je me retournais assez vite, j'allais voir du je ne sais quoi." Si le grain ne meurt


Les Tricheurs, Le Caravage (1594-1595)

Gide et la technique de l'indiscrétion : c'est un moyen pour Gide, à la fois de tourner en dérision le roman réaliste, et de donner un sentiment de gêne au lecteur.

La fonction de détective que Bernard attribue au romancier réaliste, ce sont les personnages qui la remplissent : Edouard, Profitendieu, Azaïs, Mme Sophroniska.


Avec la technique de Gide, le lecteur prend part à l'indiscrétion des personnages, il apprend furtivement ce qu'il ne devrait pas savoir. Par exemple, dans le monde des FM il est courant d'écouter aux portes et de rapporter ensuite ce qu'on a surpris, Olivier lit la carte de visite adressée à Passavant, Bernard, Laura, Armand et Passavant montrent à autrui des lettres qu'ils ont reçues, Sarah fait lire à Edouard le journal intime de son père.

cf. Les barons félons dans Tristan et Yseut, l'indiscrétion de la cour d'Henri II dans La Princesse de Clèves : la thématique du regard et de la parole, du roman courtois au Choses de Perec et au Ravissement de Lol V.Stein

[au théâtre : du théâtre baroque (L'illusion comique de Corneille, le théâtre de Shakespeare avec notamment Hamlet, Othello, Macbeth et Le Roi Lear ) au Barbier de Séville ou la précaution inutile et au Mariage de Figaro)]

"Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu'on le rassure. Il en est dont c'est le métier. Il n'en est que trop."

"On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments", Gide

L'art de la fugue et jeux narratologiques : le discours indirect d'Emma

[Un jeu métaleptique * est créé par la juxtaposition du récit du narrateur et du journal d'Edouard dans Les Faux-Monnayeurs, le récit du narrateur et le témoignage d'autres personnages dans Le Ravissement de Lol V. Stein :

*La métalepse est le glissement d'un niveau énonciatif à un autre (et/ou le passage d'une diégèse à une autre).

Par exemple dans ces extraits de l'excipit des Faux-Monnayeurs, au chapitre XVIII :

N1 : "On préfère tout supposer, plutôt que l'inhumanité d'un être si jeune"

N2 : "Je suis bien curieux de connaître Caloub." (la fin du roman = la fin du Journal d'Edouard)


Sujets de dissertation de 2de :

Sujet n°6 . Les héros de la littérature sont-ils toujours exemplaires ?

Vous développerez votre réflexion à l'aide d'exemples précis empruntés vos lectures.

Sujet n° 14. André Gide a écrit : "Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu'on le rassure. Il en est dont c'est le métier. Il n'en est que trop."

Que pensez-vous de cette conception de la littérature ? Vous développerez votre réflexion à l’aide d’exemples précis empruntés à vos lectures.

Sujet n° 23. « Un beau livre, c’est celui qui sème à foison des points d’interrogation. »

Pensez-vous que cette définition de Jean Cocteau puisse s’appliquer aux romans que vous avez lus ou étudiés ?

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Gide et le Classicisme : entre le "moi haïssable" et le narcissisme protéiforme

Le roman des FM est-il démodé ? (cf. l'humanisme de Gide)

Va-t-il aussi loin qu'il le prétend dans sa contestation par la mise en cause intérieure d'une société et de son langage ?


Gide et les prémisses i "nouveau roman" :


Gide et "la double postulation" : à suivre...

"Si les bons sentiments suffisaient à faire un bon livre, la Pâque des Roses serait un des meilleurs. Mais hélas! "les qualités du coeur sont aussi indépendantes de celles de l'esprit que les facultés du génie le sont des noblesses de l'âme", écrivait Balzac. Ah! de quelle encre pâle et de quelle plume malhabile dispose Tony Leris pour exprimer ses affections -- affections si recommandables que la critique désarmée n'ose plus qu'en courager et sourire avec sympathie." (Feuillets du Journal d'André Gide, Conversation avec Ratheneau).


Par exemple dans ces extraits de l'excipit des Faux-Monnayeurs, au chapitre XVIII :

N1 : "On préfère tout supposer, plutôt que l'inhumanité d'un être si jeune"

N2 : "Je suis bien curieux de connaître Caloub." (la fin du roman = la fin du Journal d'Edouard)

L'art de la fugue et jeux narratologiques : le discours indirect d'Emma

[Un jeu métaleptique est créé par la juxtaposition du récit du narrateur et du journal d'Edouard dans Les Faux-Monnayeurs, le récit du narrateur et le témoignage d'autres personnages dans Le Ravissement de Lol V. Stein : la métalepse est le glissement d'un niveau énonciatif à un autre (et/ou le passage d'une diégèse à une autre).

"C'est en écartelé que j'ai vécu"

à suivre...


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ENQUETE : Le roman et ses personnages : Visions de l'homme et du monde (EAF)

Une enquête "générationnelle" sur la place du sujet dans l'histoire de la communication et des représentations


Comment et pourquoi écrire ?

Comment et pourquoi écrire... un roman ?


la construction du récit, les rythmes de la narration...

héros/personnage(s) ?


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Quelle(s) réussite(s) pour demain, au nom de quelles valeurs ?


"On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments", Gide

Le rôle de l’écrivain suivant André Malraux :

« tenter de donner conscience à des hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux »


"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac


http://tempoedialectique.blogspot.com

Sujets de dissertation :

Dans son essai sur Les Personnages, Sylvie Germain, romancière contemporaine, écrit : « Tous les personnages sont des dormeurs clandestins nourris de nos rêves et de nos pensées. »Cette conception du personnage vous paraît-elle partagée par les romanciers que vous connaissez ? Vous appuierez votre réponse sur les textes du corpus et les oeuvres romanesques que vous avez lues.


22. Pensez-vous avec André Malraux que le rôle de l’écrivain est de « tenter de donner conscience à des hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux » ?

Vous illustrerez et discuterez cette définition d’André Malraux à partir d’exemples littéraires.


23. « Un beau livre, c’est celui qui sème à foison des points d’interrogation. »

Pensez-vous que cette définition de Jean Cocteau puisse s’appliquer aux romans que vous avez lus ou étudiés ?